Vénus caressant l'amour par Pauli, c.1670
Mardi 05 janvier 2021
par le cabinet Sculptures et Collections
De notre important groupe « Vénus caressant l’Amour », on connaît une version en bronze (30,6 x 42 x 17,7 cm, conservée à Munich, au Bayerisches Nationalmuseum, n°inv. 63/11) et une version en terre cuite avec des variantes (35 x 49 x 28,5 cm, signée, conservée au palais des Beaux-Arts de Lille, n°inv. 987.8.1). D’autre part, un groupe en bronze doré, anonyme (37,5 x 50 x 22 cm), du même modèle, assurément attribuable à Pauli, est passé en vente publique chez Thierry de Maigret à Paris le 22 septembre 2018. Notre ample et belle terre cuite est inédite et s’ajoute à ce corpus. Sans conteste de la main de Pauwels, le groupe est modelé dans une terre ocre rouge que l’on retrouve dans les ateliers malinois ou anversois. Il porte une curieuse signature « Lemoine » incisée sans doute au XIXe siècle par une main aussi peu scrupuleuse que compétente quant à la connaissance du style du portraitiste français du XVIIIe siècle.
Cette Vénus et cet Amour sont les héritiers directs des « Vierges à l’Enfant» flamandes de la période baroque, comme l’attestent les attitudes pleines de tendresse des deux protagonistes. La main aux doigts effilés de Vénus qui vient pétrir avec une affection toute maternelle la hanche de l’Amour ainsi que son regard plongé dans les yeux grands ouverts d’un Cupidon se laissant bercer et caresser renvoient à l’opposition entre l’amour sacré et l’amour profane, sujet cher dans les Flandres, au XVIIe siècle. L’iconographie de ce groupe a, par ailleurs, longtemps été discutée. Si le musée des Beaux-Arts de Lille présente (en paire avec une « Vénus enseignant l’art du tir à l’arc à l’Amour », du même artiste) sa version sous le titre de « Vénus caressant l’Amour », la version en bronze de Munich était, quant à elle, autrefois attribuée à Artus Quellin et titrée « La Charité ». On note la maîtrise, l’ampleur et le goût de Pauli dans le traitement spécifique des drapés et son application dans le rendu de la couverture et de la riche tête de lit, absents de la version lilloise mais présents dans le bronze de Munich. Pauli renouvelle ici le thème de l’amour maternel de la déesse pour son fils Cupidon et annonce, sans renoncer au classicisme et à l’élégance du XVIIe siècle, l’art plus mondain et plus esthétisant du XVIIIe siècle qui s’annonce.
PAULI ou PAOLI (Malines, 1625-1690), ROMBOUTS PAUWELS dit
Vénus caressant l’Amour
Groupe en terre cuite.Sur le dessus de la terrasse, une signature Lemoine rapportée.
Haut. 42 Long. 58 cm.
(Petits accidents et restaurations).
Provenance :
Collection André et Monelle Vogt à Bussang (Vosges), avant 1920 ; par descendance.
Venus touching love in terracotta by Paoli from the former Vogt collection.
Œuvres en rapport :
- Rombouts Pauwels, Vénus caressant l’Amour, bronze, 30,6 x 42 x 17,7 cm, Munich, au Bayerisches Nationalmuseum, n°inv. 63/11.
- Rombouts Pauwels, Vénus caressant l’Amour et Vénus enseigne l’art du tir à l’arc à l’amour, paire de terre cuites, 35 x 49 x 28,5 cm et 35 x 51 x 28,5 cm, l’une signée, conservée au palais des Beaux-Arts de Lille, n°inv. 987.8.1.
Littérature en rapport :
-« La sculpture au siècle de Rubens dans les Pays bas méridionaux et la principauté de Liège », cat exp. tenue au musée d’art ancien, Bruxelles, 15 juillet – 2 octobre 1977.
-Alain Jacobs, « Fascination baroque, la sculpture flamande dans les collections françaises », cat. exp. tenue au musée de Flandre, Cassel du 15 octobre 2011 au 29 janvier 2012, Coédition musée de Flandre / Somogy, 2011, pp.118 -221.